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Cette idole ...
03:06
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Cette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble que la fable, mexicaine et flamande; son domaine, azur et verdure insolents, court sur des plages nommées, par des vagues sans vaisseaux, de noms férocement grecs, slaves, celtiques.
A la lisière de la forêt, ---les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, ---la fille à lèvre d’orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu’ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer.
Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer; enfantes et géantes, superbes noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux debout sur le sol gras des bosquets et des jardinets dégelés, ---jeunes mères et grandes soeurs aux regards pleins de pèlerinages, sultanes, princesses de démarche et de costume tyranniques, petites étrangères et personnes doucement malheureuses.
Quel ennui, l’heure du “cher corps” et “cher coeur.”
[Trans.]
That idol without ancestors or court, black-eyed and yellow-haired, nobler than legend, Mexican and Flemish: his land insolent azure and green, skirts beaches named by the waves, free of vessels, with names ferociously Greek, Slav, Celtic.
At the edge of the forest – flowers of dream chime, burst, flare – the girl with orange lips, knees crossed in the clear flood that rises from the meadows, nudity shadowed, traversed and clothed by rainbows; flowers, the sea.
Ladies who stroll on terraces by the sea: many a girl-child and giantess, superb blacks in the verdigris moss, jewels arrayed on the rich soil of groves and the little thawed-out gardens – young mothers and elder sisters with looks full of pilgrimage, Sultanas, princesses with tyrannical costumes, little foreign girls and gently unhappy people.
What tedium, the hour of the ‘beloved body’ and ‘dear heart’!
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2. |
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C’est elle, la petite morte, derrière les rosiers.
---La jeune maman trépassée descend le perron.
---La calèche du cousin crie sur le sable.
---Le petite frère (il est aux Indes!) là, devant le couchant, sur le pré d’oeillets. ---Les vieux qu’on a enterrés tout droits dans le rempart aux giroflées.
L’essaim des feuilles d’or entoure la maison du général. Ils sont dans le midi.
---On suit la route rouge pour arriver à l’auberge vide.
Le château est à vendre; les persiennes sont détachées.
---Le curé aura emporté la clef de l’eglise.
---Autour du parc, les loges des gardes sont inhabitées.
Les palissades sont si hautes qu’on ne voit que les cimes bruissantes. D’ailleurs, il n’y a rien à voir là-dedans.
[Trans.]
It’s she, the little dead girl, behind the roses.
– The young mother, deceased, descends the steps.
– The cousin’s carriage squeaks over the sand.
– The little brother – (he’s in India!) there, in front of the sunset, in the meadow of carnations. The old ones buried upright in the ramparts overgrown with wallflowers.
The swarm of golden leaves surrounds the General’s house. They are in the south.
– You follow the red road to reach the empty inn. The chateau’s for sale: the shutters are loose.
– The priest will have carried off the key to the church.
– Around the park the keepers’ cottages are untenanted. The fences are so high you can see nothing but rustling treetops. Besides, there’s nothing there to be seen.
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3. |
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Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.
Il y a une horloge qui ne sonne pas.
Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.
Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois.
Il y a enfin, quand l’on a faim et soif, quelqu’un qui vous chasse.
[Trans.]
There’s a bird in the woods, its song makes you stop and blush.
There’s a clock that never chimes.
There’s a hollow with a nest of white creatures.
There’s a cathedral that descends, and a lake that rises.
There’s a little carriage abandoned in the copse, or running down the lane, beribboned.
There’s a troupe of little players in costume, glimpsed on the road through the edge of the woods.
There’s someone, at last, when you’re hungry and thirsty, who drives you away.
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4. |
Je suis le saint ...
03:19
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Je suis le saint, en prière sur la terrasse, comme les bêtes pacifiques paissent jusqu’à la mer de Palestine.
Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.
Je suis le piéton de la grand’route par les bois nains; la rumeur des écluses couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d’or du couchant.
Je serais bien l’enfant abandonné sur la jetée partie à la haute mer, le petit valet suivant l’allée dont le front touche le ciel.
Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L’air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin! Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant.
[Trans.]
I’m the saint, praying on the terrace – as the peaceful beasts graze down to the sea of Palestine.
I’m the scholar in the dark armchair. Branches and rain fling themselves at the library casement.
I’m the traveller on the high road through the stunted woods: the roar of the sluices drowns out my steps. I watch for hours the melancholy golden wash of the sunset.
I might well be the child left on the jetty washed to the open sea, the little farm-boy following the lane whose crest touches the sky.
The paths are rough. The little hills are covered with broom. The air is motionless. How far away the birds and the fountains are! That can only be the world’s end ahead.
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5. |
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Qu’on me loue enfin ce tombeau, blanchi à la chaux avec les lignes du ciment en relief, ---trés loin sous terre.
Je m’accoude à la table, la lampe éclaire trés vivement ces journaux que je suis idiot de relire, ces livres sans intérêt.
A une distance énorme au-dessus de mon salon souterrain, les maisons s’implantent, les brumes s’assemblent. La boue est rouge ou noire. Ville monstrueuse, nuit sans fin!
Moins haut, sont des égouts. Aux côtés, rien que l’épaisseur du globe. Peut-être les gouffres d’azur, des puits de feu. C’est peut-être sur ces plans que se rencontrent lunes et comêtes, mers et fables.
Aux heures d’amertume, je m’imagine des boules de safir, de métal. Je suis maître du silence. Pourquoi une apparence de soupirail blêmirait-elle au coin de la voûte?
[Trans.]
Let them rent me this tomb at the last, whitewashed, with the lines of cement in relief – very deep underground.
I lean on the table, the lamp lights brightly those magazines I’m a fool to re-read, those books without interest.
At a vast distance above my subterranean room houses root, fogs gather. The mud is red or black. Monstrous city, night without end!
Lower down there are sewers. At the sides only the thickness of the globe. Perhaps gulfs of azure, wells of fire Perhaps on these levels moons and comets, seas and fables meet.
In hours of bitterness I imagine balls of sapphire, of metal. I am master of silence. Why should a semblance of skylight pale in the corner of the vault?
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Thomas Oboe Lee Cambridge, Massachusetts
Thomas Oboe Lee was born in China in 1945. He lived in São Paulo, Brazil, for six years before coming to the United States in 1966. After graduating from the University of Pittsburgh, he studied composition at the New England Conservatory and Harvard University. He has been a member of the music faculty at Boston College since 1990. ... more
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