lyrics
La voirie ! et à gauche, sous un gazon de trèfle et de luzerne, les sépultures d’un cimetière ; à droite, un gibet suspendu qui demande aux passants l’aumône comme un manchot.
Celui-là, tué d’hier, les loups lui ont déchiqueté la chair sur le col en si longues aiguillettes qu’on le dirait paré encore pour la cavalcade d’une touffe de rubans rouges.
Chaque nuit, dès que la lumière blémira le ciel, cette carcasse s’envolera, enfourchée par une sorcière qui l’éperonnera de l’os pointu de son talon, la bise soufflant dans l’orgue de ses flancs caverneux.
Et s’il était à cette heure taciturne un œil sans sommeil, ouvert dans quelque fosse du champ de repos, il se fermerait soudain, de peur de voir un spectre dans les étoiles.
Déjà la lune elle-même, clignant un œil, ne luit plus de l’autre que pour éclairer comme une chandelle flottante ce chien, maigre vagabond, qui lape l’eau d’un étang.
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The garbage-dump! And to the left, beneath a lawn of clover and alfalfa, the graves in a cemetery; to the right, a suspended gibbet that requests alms from the passersby like a penguin.
This one, killed yesterday, the wolves have torn the flesh off its neck into such long shreds that one would say it was once again adorned for the cavalcade with a tuft of red ribbons.
Every night, as soon as the moon whitens the sky, this carcass will fly away, straddled by a sorceress who will spur it forward with a pointed bone in her heel, the breeze blowing in the organ of its cavernous flanks.
And if there was at that silent hour a pair of eyes without sleep, open in some pit on the ground of a graveyard, they would close all at once, for fear of seeing a specter in the stars.
Already the moon itself, winking one eye, shines only on the other to illuminate like a floating candle this dog, a thin vagabond, which laps the water of a pond.
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