lyrics
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
Font l'ornement des nuits et des jours glorieux.
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,
Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,
Orageux et secrets, fourmillants et profonds!
Lesbos, où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
Où jamais un soupir ne resta sans écho,
À l'égal de Paphos les étoiles t'admirent,
Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho!
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Qui font qu'à leurs miroirs, stérile volupté!
Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,
Caressent les fruits mûrs de leur nubilité;
Laisse du vieux Platon se froncer l'oeil austère;
Tu tires ton pardon de l'excès des baisers,
Reine du doux empire, aimable et noble terre,
Et des raffinements toujours inépuisés.
— Charles Baudelaire
Mother of Latin games and Greek delights,
Lesbos, where kisses, languishing or joyous,
Burning as the sun's light, cool as melons,
Adorn the nights and the glorious days;
Lesbos, where the kisses are like cascades
That throw themselves boldly into bottomless chasms
And flow, sobbing and gurgling intermittently,
Stormy and secret, teeming and profound!
Lesbos, where courtesans feel drawn toward each other,
Where for every sigh there is an answering sigh,
The stars admire you as much as Paphos,
And Venus may rightly be jealous of Sappho!
Lesbos, land of hot and languorous nights,
That make the hollow-eyed girls, amorous
Of their own bodies, caress before their mirrors
The ripe fruits of their nubility, O sterile pleasure!
Let old Plato look on you with an austere eye;
You earn pardon by the excess of your kisses
And the inexhaustible refinements of your love,
Queen of the sweet empire, pleasant and noble land.
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